Espaces de la chanson contemporaine. Cartographie d'un genre en mutation

Il est toujours délicat de déterminer un palier à partir duquel un genre se transforme en profondeur. D'une part parce qu'en art tout préexiste avant d'exister ; d'autre part parce que certains genres comme la chanson intègrent un nombre de composantes si distinctes (structures linguistiques et poétiques, thématiques sociales de tous ordres, mais aussi et peut-être surtout style musical, phrasé, mode de performance, support d'écoute, structures économiques de l’industrie chansonnière et conditions du vedettariat, etc.) qu'il est peu probable que toutes subissent une variation notable au même moment. Il faudra donc rester sinon modeste du moins prudent, et chercher des faisceaux d'indices, des convergences, sans s’interdire de décrire les disparités et les contradictions, pour répondre à ces questions apparemment si simples et cependant redoutablement légitimes : la chanson contemporaine, c’est quoi exactement ? Ça commence quand et ça se définit comment ?

         La chanson ? Mais laquelle ? La chanson française ? Italienne ? Le rap ? La chanson plus largement inspirée d'un modèle latino-méditerranéen ? (Existe-t-il au singulier, ce modèle ?) La chanson inspirée de styles musicaux anglo-saxons ? La chanson hybride, traduite, adaptée, written en français and english, in italiano, en español ? La World Music ? Comment distinguer la fine pointe de la contemporanéité de cette frange élargie du temps où l’on voit la chanson se détourner de codes ou modèles anciens, classiques, datés, repérables et stigmatisés comme tels, avant d’être parfois redécouverts et aimés comme tels ?

 

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